• ..Et bien m’sieur, si on m’avait dit qu’un jour je serais à un mètre de la rock star numéro un, j’aurais juré que ça pouvait pas être vrai .. Fred Charclot assis ricana avant de faire claquer ses articulations. Ca y est Sam.. t’as fini ta petite déclaration d’amour.. tu lui as tout dit ? on passe au suivant. Allez Gallagher c'est à toi.. on t’écoute, et après on attaque les choses sérieuses, va bien falloir qu’on y arrive.. Gallagher s’avança le visage comme illuminé. D’abord monsieur Stagger.. je tiens à vous dire que je suis désolé, mais vraiment désolé d’avoir été obligé.. comment dire… de vous tomber dessus de cette manière. Oui franchement, il faut que vous me croyez.. j’ai toujours été un de vos admirateurs ;. Même si je suis jeune.. d’ailleurs au début, quand je me suis mis à la basse, j’étais chanteur aussi.. après j’ai laissé tomber ;. Et bien, il faut me croire, à l’époque j’essayais de vous imiter.. vous savez dans cette chanson qui est pas trop connue.. Jigsaw boogie.. Jack Stagger assis à la table de chêne leva péniblement son regard. Vous fatiguez pas jeune homme.. j’ai déjà entendu des milliers de fans dans le monde entier me déclarer leur amour.. il y a longtemps que les flatteries ne me touchent plus, et même je dirais ;. Qu’elles pèsent.. j’aurais préféré entendre parler de l’enlèvement d’Elton John plutôt que du mien et d’être ici, j’aurais trouvé ça rigolo pour être franc, et au moins ça m’aurait changé les idées, si vous comprenez ce que je veux dire.. Face à lui le jeune Gallagher tremble d’émotion. Ah, je suis content de voir que vous avez de l’humour, j’avais peur de vous retrouver en colère.. Jack Stagger remue sa tête baissée d’une façon si désolée que les six types qui l’entourent sont obligés de rire. Puis le chanteur observe sa montre. La trotteuse semble le fasciner. Il est presque cinq heures.. et qu’est-ce que vous croyez qui va se passer si on me voit pas revenir, vous y avez pensé les gars ? Il demande. Au fait mon téléphone, où se trouve-t-il, je veux qu’on me le rende tout de suite.. Fred siffla d’une manière méprisante ce qui eut pour effet de l’amener à se taire. Eh, mon bonhomme.. on a été gentils jusqu'à maintenant, tu crois pas.. mais faut pas pousser non plus.. je te signale qu’on a des choses à t’expliquer, et pour ton téléphone comme du reste, c’est moi qui décide désormais, et personne d’autre, capishe .. Jack Stagger prend une moue comique. Une attitude à la Al Pacino plongé dans le même pétrin. Sauf qu’il s’agit en l’occurrence d’une expression cinématographique qui n’a rien à voir avec la réalité d’un mec qui a bouffé la poussière. D’ailleurs une belle éraflure au bout du nez et du sang séché aux coins d’une narine attestent encore de l’outrage. Vous me tutoyez maintenant, je ne savais pas qu’on avait gardé les cochons ensemble.. Il lâche. Fred siffle à nouveau et le reste du groupe debout dans la pièce ricane en chœur. Soudain il a un mouvement brusque de la main, une sorte de baffe avortée. On est peut-être pas assez classe pour toi, c’est ça que tu veux dire.. le rock c’est seulement pour ramasser le fric, puis une fois qu’on est bien gavé on se la joue bourgeois, on a pas gardé les cochons ensemble, y me dit le monsieur.. elle est bonne celle-là.. Jack Stagger remarque à cet instant la musculature bien dessinée de son ravisseur. Ses cheveux ras et les pommettes saillantes et bleuies. Il n’a tout de même pas l’air trop surexcité et ne lui parait pas des plus dangereux. Néanmoins il a l'aspect d’un dur à commencer par un aplomb impressionnant. Ok ; j’attends.. Il lui fait après quelques secondes de réflexion. Fred glousse devant sa bonne volonté avant de se lever en tirant sa chaise. Il la retourne et reprend place à califourchon bien en face du prisonnier qui évite son regard. Durant quelques secondes seuls des piaillements d’oiseaux percent le silence. Ils proviennent d’une petite fenêtre restée ouverte à hauteur d’homme et au-delà de laquelle on devine la campagne et sa belle végétation parfumée. Un soleil clair adoucit la pièce, les prémices d’une saison prometteuse. Mais en attendant le ton de Fred est loin d’être enchanteur. Je suis sûr que tu t’es posé une question bien précise Jack.. c’est pas vrai ?.. Ce dernier remue la tête pour dire à quel point la tournure de cette discussion lui parait débile. Et bien ;. Comme t’oses pas l’avouer, je vais me permettre de répondre à ta place .. Tu vois.. on cherche pas à te persécuter.. tu es un très grand artiste, et on a du respect pour toi.. et le premier qui en manquerait aura affaire à moi, je peux te le jurer.. alors cette question que tu te poses, est celle-ci.. pourquoi ces types qui m’ont embarqué et planqué dans ce coin perdu, ne cherchent pas à se cacher, ils ne portent pas de cagoules, montrent bien leurs têtes, et bientôt ils vont même donner leur nom.. Pointant son index sur sa tempe. Voilà monsieur Jack Stagger la petite question qui fait son chemin là-dedans, n’est-ce pas vrai ?..

     

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  • Jack poussa un cri. Il ne pigeait pas cependant. Cet homme de son âge avec une tête hideuse vue d’en bas ne lui inspire rien de concret. Sinon un de ces tarés de voyeurs qui se rincent l’oeil sur les lieux de rencontre. Dégage de là.. il siffle. Janie se détend comme si elle retrouvait sa vraie nature. Comme si elle tournait un film et d’un coup tout est stoppé. Puis elle se tourne vers le promontoire rocheux en face et salue Fred, son pote qui se relève pour débouler vers eux. Fred lève un pouce vers le ciel. Super.. j’ai tout là-dedans. Ouahh.. crie Janie. Salope.. fait Jack Stagger qui vient de comprendre et la repousse. Tout va trop vite pour lui et même si la présence du vieux est toujours aussi inexplicable, il sait déjà qu’on vient de le blouser. Il le devine d’autant plus que toute sa vie il lui aura fallu lutter avec des journalistes et des photographes prêts à tuer pour se faire un nom. Comme avec tous les autres parasites, fans amoureux ou musiciens émus qui s’imaginent qu’ils vont connaître quelque chose de spécial en le touchant. Il se lève rageusement et repousse le vieux toujours muet avec son sourire bête. Et c’est là qu’un doute lui vient. Il a beau ne pas le reconnaitre, sa mémoire lui dit que ce n’est pas un inconnu. Suivi d’une gêne aveuglante, comme la vision d’un paradoxe. Des doutes l’envahissent et le collent sur place. Il a cette sensation désagréable de retrouver quelqu’un de sa famille qu’il espérait secrètement ne plus jamais revoir. Il reste planté tel un imbécile à l’observer et ne mesure pas l’histoire parce que pour lui les gus ont réussi leurs photos et qu’à part regretter la jeune gonzesse, il n’y a pas de quoi paniquer. Chacun repartira de son côté, et hormis l’amertume qu’il pourra toujours noyer dans quelques whiskies, le monde ne va pas disparaître. Il pourrait même pour oublier se faire livrer à domicile une jolie petite pute comme ça lui arrive de temps en temps. Elles le saoulent une fois que c’est fini, mais au moins elles dégagent rapidement. Simple et hygiénique. Seulement la porte latérale de la camionnette blanche vient de s’ouvrir que des types dégringolent au pas de course, et son sang ne fait qu’un tour. Il devine le pire des scénarios. Celui que toutes les célébrités gardent en tête depuis la mort de John Lennon. Devenir la cible d’un dingue ou d’une bande d’illuminés, de voyous à la cervelle de moineau. Il grogne et s’élance vers sa Bentley. Il n’a pas fait deux pas qu’un balayage le cueille, il pousse un cri et se retrouve au sol nez dans la poussière. Avant même de pouvoir se redresser il sent qu’on l’empoigne. Puis aussitôt deux bras d’une force écoeurante le prennent en étau. Il renifle un filet de sang sur ses lèvres et dans son dos il y a une voix qui panique. Mais qu’est-ce que vous foutez bande de p’tits cons.. Janie, c’est qui ces connards.. qu’est-ce qu’ils foutent ici ces mecs, et qui leur a demandé de venir, ils sortent d’où.. bordel.. réponds Janie.. Jack Stagger est traversé par la foudre. Son corps n’est plus qu’un squelette en reconnaissant la voix. Tais-toi papa, et laisse-nous faire.. t’imaginais pas quand même qu’il allait s’en sortir si facilement cet enculé.. Mais t’es devenue dingue Janie.. pour de vrai.. hurla le vieux. Demande-lui de la fermer Janie.. où je vais m’en occuper.. Jack Stagger ne chercha pas à se défendre quand il sentit qu’on le bâillonnait. Moralement il était déjà Ko. ..

     

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  • Prend cinq minutes avec moi ici, relax ; nous avons tout le temps.. le soleil.. la mer.. il faut en profiter Jack, ce sont des cadeaux du ciel.. Jack Stagger ne dit rien, mais fit en sorte d’exprimer un sentiment profond d’une simple onomatopée. Quoique son émotion était bien réelle. Janie sur son banc baigné de soleil sur le fond bleu de la mer avait tout d’un tableau d’Edward Hopper. L’image satellisée sur ses cuisses claires croisées qui lui semblent démesurées du fait de la perspective. Il resta ainsi le sourire un peu niais et figé sans descendre de la Bentley d’un blanc bleuté, indéfinissable. Ses lunettes noires reflétaient le banc et Janie d’une telle façon que Hopper n’aurait que l’embarras du choix pour son tableau. L’angle privilégiant Janie n’étant pas moins intéressant que celui mettant en vedette Jack et sa Bentley capote ouverte. Puis pourquoi pas une vue des deux personnages qui aurait bien reflété l’intensité muette du scénario. Dans une sorte de triptyque, Janie semblait ne rien attendre alors que coudes écartés elle s’offrait avec une bien trop grande mollesse. Par contre elle ne portait pas de lunettes noires, comme si de fermer les yeux pour se défendre du soleil devait la rendre plus vénéneuse. Le vieux chanteur n’a d’autre solution que de s’humecter les lèvres avec le bout de la langue. Il y a quelque chose d’insensé qui lui échappe depuis vingt-quatre heures. Mais il lui faut tout de même un petit moment avant de se détacher des images et garer la voiture. J’ai bien cru que je ne te retrouverais pas.. Il fait en prenant place à quelques centimètres de Janie, sans même l’embrasser. Drôle d’idée de m’avoir filé ce rencard ici.. c’est paumé comme tout, qu’est-ce qui t’a amené sur ce chemin ?.. Elle soupire conservant les yeux fermés. Je venais vers Monaco avec mon scoot, et j’ai eu envie de m’arrêter.. ça fait des mois que je ne connais que la pluie, ça me rendait malade.. c’est le paradis d’être tranquille dans un endroit pareil, la mer, le soleil, la paix, pas de touristes, et comme j’avais ton téléphone, j’en ai profité pour te demander de venir, plutôt que m’attendre là-bas.. je me suis débarrassé de mon père.. j’ai toute la journée cette fois, et même la soirée.. et plus si j’en ai envie.. Elle laisse filer quelques secondes. Je ne peux jamais prévoir de quoi j’ai envie.. chez moi tout vient d’une seconde à l’autre, j’espère que tu comprends.. Jack se fend d’un sourire convaincu. Tu as raison. Il fait. J’ai moi-même couru toute la vie.. si j’avais pris la peine de m’arrêter pour réfléchir parfois ;. J’aurais été plus heureux, peut-être, et évité quelques erreurs, sans doute.. Ils sont seuls sur le promontoire à proximité de Cap d'Ail. La route que l’on aperçoit plus loin s’entend tout juste et hormis une camionnette blanche à quelques mètres rien qui pourrait troubler cette solitude pleine d’une grâce esthétique. Puis Janie se penche et pose sa tête sur son épaule. Il embrasse ses cheveux avant que sa main n’entreprenne de lui caresser une cuisse. Une idée le frappe aussitôt, le côté surréel de la séquence, comme si une machine venait de le renvoyer des dizaines d’années en arrière, avant même qu’il ne devienne ce Jack Stagger que le monde entier adule. Il était ado en ces jours, un parfait inconnu, et la moindre faveur se méritait. La vie alors avait une consistance autrement plus savoureuse, il s'en souvient très bien à présent, chaque détail comptait et il aurait pu en donner le prix, même soixante années plus tard. Il découvre soudain qu’une grande part de son existence ne fut qu’un immense bluff. Il fixe la mer d’un regard pur et se voit voguer au loin sur une barque de sapin clair, celle qui emportera son cadavre un jour ou l’autre, et sa magnifique Bentley ce matin en question, restera benoitement au garage. Jack Stagger ne peut rien envers une logique bizarrement absurde. Il a eu la meilleure des vies, qu’une mort sinistre viendra conclure. C’est un non-sens qu’il ne peut conjurer, seulement fuir comme un damné. Pour cela il lui suffit de vivre éternellement dans les désirs du corps et de l’esprit, de la jeunesse. Il se met à chantonner, des paroles inédites qui lui viennent, une pulsion spontanée, .. J’ai oublié mon âme dans un motel.. elle s’appelait fleur des sables, celle qui m’a dérangé le cerveau.. sa sœur, sa fille, sa mère.. de la lignée des prêtresses du sexe.. arnaquaient les hommes par vice et avidité.. m’aimeras-tu pour ce qu’elles ont laissé.. Je ne suis plus le même.. J’ai oublié mon âme dans un motel.. ses mains frémissent quand il pense qu’il pourrait à nouveau écrire des chansons, aussi bonnes que les tubes planétaires qui germent dans ses comptes en banque. Je voulais de l’amour.. comme un homme sain de corps et la bite raide.. elle s’appelait fleur des sables, celle qui m’a vidé le cerveau.. janie l’écoute électrifiée. Et déjà elle cherche le rythme de son pied et se mord une lèvre d’extase. La voix de Jack n’est pas vraiment celle qui passe dans les radios, plus dure et caverneuse, serpentine. Douu… doouuu.. elle fait en chœur. Un frôlement dans son dos la fait stopper net. Elle tourne la tête pour apercevoir son père qui s’efforce de sourire. Mais ce n’est qu’un rictus pénible qui lui arrache le ventre. Le vieux se tient debout comme un épouvantail. La scène est d‘une laideur à pleurer.. .

     

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  • Allez viens p’pa.. tu vas le revoir de près ton vieux pote, c’est le grand jour. Je l’ai blousé comme pas deux, tu peux me croire.. il était en feu hier soir, t’aurais dû être là et voir ça de près.. moins une qui me saute dessus cet empafé.. imagine un peu qu’il m’a pris la main et a essayé de la coller sur sa braguette ?.. Pete Blue se raidit. Tu veux la vérité Janie, il soupire. Je me sens plus très bien dans cette histoire.. j’me demande d’ailleurs comment ça nous est venu.. on va faire des photos, et alors ?.. imaginons qu’elles soient publiées comme ton copain l’a promis, c’est ce qu’il prétend et après tout on a que sa parole, non, et après.. dans une semaine tout le monde les aura déjà oubliées, c’est ça la vérité ; et je viens seulement de comprendre quelque chose Janie, tu sais quoi ?.. Janie se serait contentée d’un bol d’air chaud venu du large. Cette Promenade des Anglais blonde et lumineuse d’un bout à l’autre l’enivrait. Mesurant par ricochet le bonheur d’un destin béni sur les épaules courbées de son père. Mais des brindilles d’or lui brûlaient les yeux. On a encore un peu de temps.. on pourrait aller sur le marché aux fleurs, j’ai encore envie d’un café.. Elle lâchait dans l’espoir de ne plus entendre le vieux. Janie.. supplia Pete en grimaçant. Tu ne m’as pas laissé parler.. Elle le prit par un bras pour l’aider à traverser la route. C’est si important p’pa c’que tu voudrais me dire ?.. Un camion faillit les emporter, dans un vacarme humiliant. Connard.. hurla Janie. Tu dois savoir ce que je viens de comprendre ma fille.. Elle stoppa sous une arche après avoir survécu au flot de voitures. Crache-moi-le p’pa ton truc, sinon on va pas s’en sortir.. Une ombre les enveloppe. Pete jette un regard désespéré vers les pierres noircies de la voûte. Je m’en veux de t’avoir autant monté le bourrin.. Il lâche. Je découvre maintenant que tout ça c’est de ma faute.. Puis il hoche sa tête grise. Mais je bluffe. C’est pas ce qui me ronge le plus, la vérité est que mon seul trésor s’appelle l’orgueil.. tu dois me croire Janie.. quand ils m’ont tourné le dos tous, le groupe, les potes, même nos fans.. j’ai pas fait d’histoires.. j’aurais pu réclamer il y a cinquante ans, et je l’ai pas fait.. je me suis écrasé. C’est trop tard aujourd’hui. Jack sait même plus qui je suis.. Comment veux-tu qu’il comprenne que je lui tombe dessus d’un coup, et qu’en plus tu es ma fille.. alors qu’il rêve seulement de te mettre la main au cul Janie.. son cerveau travaille plus comme le nôtre. Une vie comme la sienne en a fait un être différent. Devine ce que ça représente de se lever chaque matin dans la peau d'une star que tout le monde sur terre connait et adore, même pas imaginable à notre niveau, j’ai l’air d’un con.. forcément, et je vais vraiment finir ma vie comme un con .. même cet orgueil à quoi je me suis raccroché toute ma vie, je l’aurais perdu.. fini.. Là je serais vraiment une merde Janie.. Autant me flinguer.. Sa fille le fixa durement. Tu vas faire quelque chose pour moi p’pa.. tu vas te mettre en colère, tu vas te payer la plus grosse colère qu’un homme peut avoir.. et tu vas pas te dégonfler.. oublie ton orgueil, une fois dans ta vie.. et pense que chacun doit avoir sa chance.. ce type.. ton vieux pote.. il est pas en béton comme tu crois.. il est fait comme toi et moi, et je sais de quoi je parle.. hier soir, il tremblait de la tête aux pieds dès que j’ouvrais la bouche.. tu m’entends p’pa ?.. Pete Blue se débattait au milieu de ses sentiments. Honteux et las, vaincu par le regard de sa fille, maintenant il regrette cette mythologie vieille de cinquante ans. Seulement il est trop tard, le mythe a fait son œuvre et contaminé des innocents, comme une damnation. Alors il baisse son regard et tente de reculer. Allez p ‘pa.. commande nous un verre à la terrasse là-bas, j'te l'offre ta pinte de bière ;. Moi Je dois donner un coup de fil pendant ce temps.. puis on y va. Il n’y a rien de méchant au fond.. quelques photos et tout sera fini.. mon photographe s’occupera du reste. Tu réfléchis trop et si ça se trouve même ;. Ce Jack Stagger, c’est rien d ‘autre qu’un coeur d’artichaut.. et il va te tomber dans les bras pour t’embrasser, puis on verra bien.. qu’est-ce qu’on risque, il va pas nous bouffer à la fin?.. Pete Blue ravala sa salive. Il n’est même plus certain d’avoir un jour été guitariste avec les Rollingstars. C’est ce qu’il pense en prenant place au soleil. Maintenant il rêve juste d’une pinte de bière, tandis que Janie se planque dans un coin pour téléphoner au calme. Fred.. ça chauffe avec le vieux, tu peux me croire.. je commence à avoir les jetons qu’il nous lâche. C’est tout à l’heure ou jamais Fred.. demain il sera trop tard.. Je le sens.. t’as tout repéré ? Tout est Ok pour toi.. mais bien sûr que j’te fais confiance.. arrête un peu.. mais quand t’auras passé une semaine complète avec mon vieux, tu feras moins le malin, y fout le bourdon.. je t’embrasse mon chou.. eh Fred.. Only a sun ; The red people is dead.. We are the innocents. Et tu me jures d’être à la hauteur de nos rêves.. le soleil brille pour tous.. mais les banquiers réclament dix dollars chaque matin.. ils ont acheté le soleil.. sauve moi de la folie.. nous sommes les innocents.. yeahh; Je t’embrasse Fred.. c’est tout bon. ..

     

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  • J’aurais du mal à refuser autant de générosité.. mais peut-être que tu vas t’ennuyer et le regretter très vite, c’est ce que j’aime le moins au monde.. décevoir quelqu’un.. qui me fait confiance.. Tu comprends ça.. minauda Janie les paupières à demi baissées. Face à elle la vieille star brûlait en ressassant une idée fixe. Celle d’un sort qui ne prend même pas la peine d’épargner les plus grands. Pour un homme qui a tout possédé il est encore plus dur d’admettre la cruauté de l’âge. Il voyait maintenant partir en lambeaux toutes ces bénédictions accumulées une vie entière. Trouvant presque ignoble d’avoir à se mesurer avec cette inconnue pour lui arracher un brin de jeunesse. Vingt ans plus tôt seulement, il ne se serait pas embarrassé d’autant de salamalecs. Il pouvait encore à l’époque les tringler sans détours, sur un simple signe de la tête. Il s’offrait les plus belles connasses du monde sans rien donner en échange. Parce qu’il le méritait et du seul fait de s’appeler Jack Stagger. Dans le secret de sa conscience cet aspect des choses le révoltait. Tandis qu’il en est à faire le vieux beau depuis presque deux heures et ne peut même jurer encore du résultat. Tu aimes les fruits de mer.. Il lâche nerveusement. Janie sourit. Huuum.. évidemment, quelle question.. Si jamais tu connais un endroit où on peut les pêcher directement dans l’eau avec une canne.. ça serait parfait .. Jack.. elle osa enfin. Ses hanches frissonnaient sous l’impulsion électrique qu’elle leur balançait à partir du cerveau. Stagger à plusieurs reprises manqua de poser une main sur ses cuisses nues. Mais c’est cette peau scintillante à l’air libre qui lui procurait autant d’effet. Néanmoins ce jour précis il n’avait pas pris une once de viagra. Alors pour le coup il se serait cru dans une machine à remonter le temps. Durant ces belles années où il pouvait s’offrir deux ou trois gonzesses dans la même journée histoire de tuer les longues heures à glander dans les chambres d’hôtels. Il prétendait aussi que ça lui apportait l’inspiration. Mais avec toute la coke qu’il s’envoyait forcément sa libido lui semblait insatiable. Alors qu’à présent il bande toujours à mort mais seulement dans sa tête. Quoique des milliers d’images le tenaillent, des souvenirs de lèvres trempées et anonymes, pas de noms, pas de visages, comme les sexes d’autrefois implorants et palpitants, des fleurs de chair fraîche pleines de jus, la mémoire bourrée de clichés magiques et de quoi tenir le tempo jusqu’au jugement dernier, malgré ça la honte est au rendez-vous sur la fin quand il s’agit d’assurer la fameuse légende. Tu es venu comment.. il lui demande d’une voix que le désir tend comme un élastique. En scooter.. Se montrant gênée. J’ai pas le permis, tu sais.. un peu misérable, non, qu’est-ce t’en dis ,..Pas important, ça tombe bien J’ai une décapotable.. je t’emmène dans un petit restau au poil, on va à quelques kilomètres d’ici le long de la mer, les cheveux au vent ; tu sentiras la brise.. et je dirais pas un mot tout le long, juré, je sais me taire quand il faut et ça doit être extraordinaire pour toi, je veux que tu apprécies la ballade comme une déesse descendue du ciel.. Il s’approche de son visage s’efforçant de contenir le tremblement qui raidit son diaphragme. Déesse de l’amour Janie.. Cette dernière lui envoie un léger souffle dans la nuque. Tandis que ses entrailles irradient les ondes qu’elle commande de toute sa rage. Et c’est le conflit entre une colère démesurée et la sensualité souple et légère qu’elle parvient à afficher qui est le piège invisible. Une petite coupe encore et puis on y va ;. Qu’est-ce que t’en pense ?.. Murmure sans vergogne Jack Stagger raide-dingue de stupéfaction devant une poule qui lui rend son inestimable virilité. La première depuis des lustres qu’il va pouvoir tirer sans le secours des pilules bleues aussi merdiques que le déclin foiré d’une étoile. Cette fois il en est sûr. Il peut gagner dix ans en une seule nuit avec de la chance. Tout au plus il va proposer une ligne de coke autant pour frimer que le fun. Il envoie un sourire carnassier à un ami qui s’approche. Le type a pigé, il se contente d’une tape de la main et s’évapore. Puis d’un froncement il règle l’addition que Sylvio note sur un calepin et déjà il est à moitié dehors. Janie affiche un sourire prometteur. J’le tiens par où m’man dit qu’il faut les chopper ces enculés.. et y va s’ler bouffer ses couilles.. Elle marmonne entre ses dents. Comme si elle voulait être certaine de ne pas se gourer de programme. Les mots s’impriment dans son crâne, comme un antidote. ..

     

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