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    Le vent calmé caressa les peaux blêmes. Le soleil montrant le bout du nez quand le chauffeur avança le bus. Jeff et Lola descendus à la toute dernière minute s’y engouffrèrent. Se précipitant sur la banquette du fond. Une sorte de crainte entourait Jeff. C’était comme un danger sournois qui l’aurait suivi en permanence. Tous apercevaient Lola pour la première fois sans fards. Ils admiraient un diamant brut. Une poupée dotée d’une énergie sexuelle qui la rendait vaporeuse. Une image puissante, et anormalement érotique.

     

    Alex serrait sa vieille Fender qui avait fini par retrouver un étui. Il avançait nonchalamment et choisit une place à l’écart. Il ne manquait que Karine à l’instant du départ, qui venait de filer récupérer des affaires de toilette oubliées. Elle s’amena traversant l’immense parking passablement essoufflée. Le moteur ronronnait doucement, pendant que le chauffeur programmait le Gps. Derrière lui Kim se retournait vers Nico et lui envoyait un clin d’œil. Puis il se leva et récupéra un long sac de voyage jaune enfoncée dans les filets à bagages. Il appartenait à Karine. Celle-ci allait monter les marches du bus, s’agrippant à la rampe raide de l’avant. Kim se pencha sur elle, et l’obligeant à reculer, balança par dessus sa tête le grand sac jaune qui atterrit sur le bitume avec un bruit de misère. Elle ne trouva qu’à écarter les bras au seuil du marchepied, la bouche ouverte et muette. Visiblement elle ne comprit pas dans un premier temps.

     

    - Espèce de connard.. Elle Hurla enfin à la tête de Kim. Tentant de se raccrocher à la rampe.

     

    Kim eut un sourire mauvais et la força à lâcher prise.

     

    - Toi tu restes ici.. On t’a assez vu.. Dégage.. Il lui jeta en pleine figure, au travers des dents serrées. Avant d’actionner la fermeture électrique de la porte.

     

    Le chauffeur du bus lui se montrait impassible. Il avait acquis une certitude celle qu’il valait mieux ne pas se mêler des affaires de cette troupe. Il préféra embrayer une vitesse, refermant la seconde porte dans la foulée, et l’engin s’ébranla de son allure habituelle et placide. Alex éprouvait un serrement de cœur, et ne put que détourner les yeux. Il n’aimait pas cette tournure du voyage. Seulement il n’y pouvait rien. La scène correspondait à un point logique de l’aventure. Sans qu’il puisse le situer exactement. Il admettait finalement qu'un évènement isolé ne signifiait pas grand chose. Les rebondissements se succédant selon un ordre simple et cruel. Il pensa que trop de facteurs demeuraient encore incertains à ce stade.

     

    Des ricanement fusaient tout autour. Mais sur la piste Karine pleurait de rage, les épaules secouées par une crise de nerfs, et l’esprit vidé de se retrouver dans un pareil cauchemar.

     

    Elle voyait s’enfuir le bus et toutes ses illusions. Sa couleur d’or reflétait les rayons du soleil comme un coffre fort géant. Elle le voyait disparaître à l’horizon, emportant dans ses soutes un anodin sac poubelle rempli de linge sale, au fond duquel était planqué le magot. Des millions prenaient le large sous ses yeux impuissants, et elle était saisie par une envie folle de les rattraper en courant.

     




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    La journée suivante débuta aux alentours de midi. Rappliquant tous plus ou moins réveillés. Kim n’avait pas fait de détail, se chargeant de les jeter du lit. Les roadies avec l’aide des musiciens mais sans Alex et Nico, s’étaient dépêchés de réunir le matos dans le fourgon. Un autre concert les attendait à une centaine de kilomètres et il était urgent de se mettre en route. Monsieur Boyarkan avait tranché, il venait de renvoyer l’autre groupe à la maison..

     - Je leur ai filé trois sous et on dira que le chanteur est tombé malade;.  Ca va vous lancer les jeunes.. Avait-t-il ironisé..

    Ils allaient finir la tournée en tête d’affiche. La nouvelle faisait vibrer les esprits depuis le réveil. Leur plantait des aiguilles aux jambes. Nico malgré tout refusait de quitter sa chambre, et Jeff et Lola ne semblaient pas pressés de se montrer. Alex de son côté prétextait un mal de tête persistant. Les bruits les plus divers couraient sur la pommette violacée de Nico. Ceux qui s’étaient risqués à l’examiner de trop près la veille n’avaient obtenu que son regard noir en guise d’explication.

     

     Karine affichait une mine horrible comme si elle sortait d’un tunnel. Son réveil auprès de Nico paraissait avoir été douloureux. Lui même arriva peu après et se colla directement au bar. Il commanda une part de tarte aux pommes et ceux qui le croisaient ne s’aventuraient pas trop près. Ils se contentaient d’un signe ou d’un mot en continuant leur chemin. Il sirotait lentement son café quand parut Alex. Lui le frôla dans un élan aveugle mais son bras l’alpaguait au passage.

     

    - Est-ce que je pue de la gueule.. ? Tiens, installe toi là à côté de moi.. Il y a un temps pour tout dans la vie…
     

    Il ne le lâchait pas. Alex contempla son large sourire d’un air perplexe, puis l’épaisse tâche mauve sur la pommette.

    - Pour le coup, ça lui a remué les méninges… Il pensa sans pouvoir déterminer ce qui lui valait cet accueil inattendu.

    - Ouaih.. Si c’est toi qui le dis.. Il doit y avoir du vrai.. Hasarda-t-il en se grattant la nuque.

    - Il prit un café et refusa une part de tarte. Son estomac demeurait noué. Il s’ensuivit une minute de silence avant que Nico reprenne la parole. Néanmoins il lui fallait supporter le poids de son regard.

    - Ils sont plutôt spéciaux tes amis .. Non.. ? .

    - Mmmh.. Fit-il en tentant d’évaluer ce que pouvait signifier l’expression dans la bouche d’un gars qui se retrouve avec la gueule à moitié défoncée. Nico continua.

    - Sacré gonzesse cette Lola.. Qu’est-ce que t’en dis ?..

    Cette dernière réflexion le tira enfin de sa morosité. Il estima que Nico en bavait, et en se retournant le vit plongé dans son café. Très concentré. Comme s’il réfléchissait au sens de sa vie.

    - Oui;. Tu viens de le dire.. Une gonzesse à rendre accro n’importe quel type.. Même les plus coriaces…

    Il se tut, quand la suite de sa pensée surgit presque inopinément.

    - Même les plus méchants.. Ceux qui ne doutent jamais, qui s’imaginent que ce genre de plaisanterie n’arrive qu’aux autres..

              ...C’EST PAS VRAI ?..
    .

    - Ca me dit toujours pas où tu les as pêché ?.. Ce que vaut le mec, et à quoi elle marche cette fille ,..

    Alex resta sourd.

    Il pouvait mesurer la justesse de ses paroles aux sursauts qui secouèrent Nico. Ce qui l’amena à juger qu’il regagnait du terrain, et eut soudainement envie de se montrer magnanime

    - J'ai une idée.. Il fit. Si on allait s’asseoir dehors.. Il fait beau après tout.. Et tu pourras m’offrir une cigarette..

    La tasse tremblait dans les mains de Nico quand il rejoignit la table

    - Il n’y a personne au monde qui peut se vanter de m’avoir laissé au tapis.. Il fit en s’asseyant. Le fusillant du regard.

    Alex n'y prêta aucune attention. Il se contentait de vider sa tasse, qu'il agita ensuite à l’intention du patron pour en réclamer une autre. Un grand calme le saisissait. Tout lui paraissait limpide.

    - Elle a un rêve cette fille.. Comme toutes les belles filles d’ailleurs, mais je pensais que t’avais deviné tout seul, je suis même assez étonné..

    - Ah.. Fit Nico. Puis il souffla.

    - Et bien.. Oui.. Dans son rêve elle se voit chanteuse, à fond sur l’autoroute qui va en haut de l’affiche.. La ligne directe.. Ca se lit dans ses yeux pourtant.. Un vrai journal à sensation..

    - Et toi, tu sais tout ça ?.. Lâcha le chanteur.

    - Il suffisait de lui demander.. Fit Alex.

    Nico ruminait et mâchonnait sa langue.

    - Et est-ce que t’y as goutté ?.. Il voulut savoir d’une voix sèche.

    - Ca aussi.. T’avais qu’à lui demander.. Fit Alex en récupérant la tasse que lui ramenait le patron.

    Il se leva et rejoignit une table inoccupée à l’intérieur.

    - Fait un peu frais dehors.. Non ?.. Tu trouve pas ?..

    Il lui avait menti effrontément sur le pas de la porte, avant de s’éloigner.

     

     

     



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    Le veilleur de nuit décrocha la clé numéro vingt trois du râtelier, la gueule gonflée de fatigue. Vivement huit heures.. Il fit en baillant. Puis repartit de son pas traînant vers le guichet de la station service. Il ne se retourna même plus sur Karine qui n’avait pas bougé du hall. Un chien loup le suivait en baissant la tête. Au-dessus de la porte une veilleuse diffusait un éclairage minimal, et la pendule murale indiquait trois heures trente. Elle fit quand même semblant de prendre l’escalier qui menait aux chambres, sans dépasser la cinquième marche. Elle s’assura que le veilleur avait bien regagné sa cabine blindée sur la piste, et revint sur ses pas. En une seconde elle ramassait la numéro dix au tableau et repartait à toute vitesse.

    Elle avait quitté la discothèque vingt minutes plus tôt ravagée par une suite d’humiliations écœurantes. Un chapelet de psychodrames qui semblaient avoir un point commun, celui d’en faire la victime expiatoire des haines que les uns et les autres se vouent pour toutes sortes de raisons.

    – Tout ça c’est à cause de cette salope;. Elle avait ruminé à haute voix en s’engouffrant dans le taxi.

    Une lumière scintillait depuis peu dans son esprit. Un pressentiment que l’étrange couple ramené par Alex avait quelques mauvaises affaires sur la conscience, et peut-être même dans les bagages. Elle voulait en avoir le cœur net. L’attitude de Jeff au passage des flics possédait une explication certaine. Elle ne rencontra aucune difficulté à pénétrer dans la chambre au bout du couloir désert. Le motel sentait le renfermé. Très vite elle se retrouva à fouiner dans les sacs de voyage et une odeur de parfum musqué. Prenant soin de ne pas laisser de traces. A déballer un contenu qui n'avait rien de suspect , si ce n’est que des sous vêtements particulièrement sexy la firent enrager.

    – La petite pute.. Elle s’exclama en rejetant un slip de soie blanche.

    Elle râla. Il n’y avait rien de convaincant et foutu de s'inscrire dans le fil de l’histoire. Quand elle remarqua un restant de poudre sur le petit cadre de verre à plat sur la table. Elle le ramassa et finit par lécher la plaque. L’effet psychologique fut immédiat. Elle se sentait revigorée et brûlante. Maintenant le parfum musqué émanant des vêtements la révulsait. Tout dans cette pièce puait l’injustice et c’est elle qui en faisait les frais. Une bave chaude ébouillantait sa mémoire. Alors elle reprit sa tâche avec des yeux de lynx, cette faculté vengeresse qui lui avait fait défaut jusque-là. Cependant elle ne put que pester et s’apprêtait à repartir si son regard n’avait été attiré par un bout de sac poubelle pendu sur le côté d’une lourde tringle à rideaux. Elle tira une chaise et comprit que quelque chose était planqué tout en haut, entre rideaux et double rideaux. Surprise par le poids du sac poubelle, elle perdit l’équilibre, et n’eut d’autre solution que de se laisser choir au sol. Cela fit un potin de tous les diables. Son cœur paniqua, et elle cessa de respirer. Le bruit semblait pourtant être passé inaperçu. Puis très vite la fièvre s’empara d’elle. Au point que défaisant la corde de nylon elle s’entailla un doigt. D’abord ce furent des armes, roulant sur le lit alors que lui coulaient de grosses gouttes de transpiration. A la vue de la grenade elle ne put réprimer un cri aigu. Mais le grand choc arriva avec les billets contenus dans des sachets plastiques épais, et des bijoux, gris et sombres. Des pièces rares à n’en pas douter. Les joyaux avaient des couleurs nocturnes.

    – Je comprend plus rien… Elle fit en suffoquant.

     


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    La nuit flambait dans le vieux temple du rock. La grande salle tremblait. Le bruit colmatait les fentes des murs. Une colonie de bouchons sauteurs s’était emparé de la piste de danse. Seuls émergeaient par moments quelques têtes blafardes et baignées de sueur. Au centre de l’agitation Nico dansait inlassablement, les yeux clos et le torse dénudé, les poings fermés. Bénéficiant d’un mètre carré à lui tout seul, comme une bulle invisible. Des ondes émanaient de sa peau et tenaient la foule en respect. Mais tous les regards convergeaient sur lui. Il dansait comme un serpent mécanique. Pliant ses genoux, gonflant et dégonflant son ventre souple. Chaque respiration luisait sous les stroboscopes, obscène et attirante. Un reptile au nerfs saignant.

    Karine n’y tint plus et fendit la foule des danseurs. Elle se planta droit devant lui, dans son espace, les orbites sombres et la peau blanche. Puis le prit par ses flancs suintant, le caressant avec rage, et tenta de l’amener vers son nombril. Il ouvrit légèrement les yeux et la repoussa dans un mouvement brutal. Karine revint sur lui pour l'agripper, cherchant à lui entrouvrir les lèvres de sa langue tendue comme un organe sexuel. De la salive coulait sur son menton. Il parut d’abord ne pas résister. Il cédait et sa bouche laissa glisser la langue de Karine qui s’y enfonçait avec hargne. Quand il se détendit comme un ressort. Levant sa main droite qui s’écrasa sur la joue de Karine. L’envoyant voler au sol où elle échoua en grognant. Nico se baissa en lui assénant une volée de gifles qui l’obligèrent à ramper. Maugréant et pleurant, poussant des cris pitoyables. Elle prenait une grêle de coups et personne ne songeait à intervenir. Tous étaient médusés autour. Nico se défoulait à bon compte de sa propre raclé, pendant que Karine rampait et s'échappait comme elle pouvait. Il allait asséner une nouvelle gifle quand son bras se retrouvait bloqué, plié en arrière et il faillit partir à la renverse. Il se retourna vivement et reconnut Alex. Sa stupéfaction fut telle qu’il resta sans voix. Sa peau dénudée brillait et glissait au toucher. Il le toisait en soufflant, et partit dans un rire haineux.

    – Pauvre type.. Il fit à Alex, en se dégageant.

    Déjà Matt accourait. Il se retrouva stoppé dans sa course par un videur de la boîte.

    – Casse toi;. Il lui cria au nez.

    – N’en fais pas trop.. Lui répondit le type.

    – Vous êtes les invités c’est sûr.. Mais il faut pas aller trop loin.. Et lui le chanteur, si tu le connais bien.. Tu ferais bien d’aller lui répéter… c’est un bon conseil que je te donne;..

    – Laisse tomber.. Fit Nico à son encontre;. Ça vaut pas le coup;.

    Alex observa Karine à ses pieds, dans une position pénible. Il se pencha pour l’aider à se relever. . Le contact de son corps le troubla, et il vit qu’elle pleurait. Il fut saisi d’un sentiment de pitié pour son ancienne compagne.

    – Tu ferais mieux d’aller te coucher.. Tu es fatiguée.. Lui souffla-t-il à l’oreille.

    Elle cessa de s’agiter pour le fixer, hagarde.

    – C’est pas ma faute si t’es un pauvre type comme Nico vient de te le dire.. T’aurais mieux fait de pas revenir.. Oui.. on n'avait pas besoin de toi.. ; Tu m’entends ?.. C’est de ta faute.. Salaud..

    Elle s’écria violemment, assez fort pour percer le volume sonore.

    Alex haussa les épaules empreint d’une tristesse d’animal battu, et quitta la piste de danse. Il s’était à peine rassis et liquidait son verre que Kim lui collait une bourrade au niveau de l’épaule, égrenant un rire peu amène. Une parodie de ce que l’on peut considérer comme étant de l’amitié. Jeff avait suivi l’histoire avec une moue ironique. Lola n’avait rien remarqué.


     


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    Les toilettes se révélaient sales et étroites, noyées de désinfectant. Jeff y trouva Nico penché sur un urinoir, le front contre le mur vert et pisseux, secoué de hoquets. Ses épaules se soulevaient à chacun des puissants renvois. Calmement et comme s’il ne remarquait pas sa présence, Jeff ouvrit sa braguette et urina à son tour. Il attendit patiemment que deux types en aient fini devant le miroir tâché de rouille pour se manifester.

    – Comment tu la trouves ma femme ?.. Fit– il à peine ils se retrouvaient seuls.

    Nico esquissa tout juste un mouvement dans sa direction.

    – Hi.. Hi.. Hi..; Couina-t-il pour toute réponse.

    La voix monocorde de Jeff ne l’avait pas effrayé, et son ricanement traduisait un mépris loin d’être feint. Ce dernier termina rapidement sa tâche. Il s’était abstenu de boire tout au long de la soirée. L’autre semblait avoir une citerne dans le ventre. Et il ne vit pas venir la manchette qui allait lui écraser les reins.

    – Enfoiré… Réussit-il néanmoins à articuler avant de tomber à genoux.

    Jeff le saisit par les cheveux et le força à se relever. Avant de se planter bien en face de lui. Il ne se souciait pas de son sexe pendant hors du pantalon.

    – Qu’elle ait un problème dans les méninges je veux bien le croire.. Mais ce qui m’étonne c’est que t’ais pas réfléchi aux ennuis qui vont arriver..

    Jeff lui crachait en pleine figure, et il avait perdu son masque.

    – Je vais te crever.. Brailla Nico malgré la douleur qui enflammait son dos. Comme si elle venait de le réveiller et remis sur pieds.

    Aussi sec il lui flanqua un coup de genoux. Jeff n’eut que le temps de parer du gras de la cuisse, et un gémissement lui échappa. Mais le crochet du droit qu’il balança en représailles aurait assommé un lion. La pommette de Nico éclatait. Jeff ne l’abandonna pas pour autant et l’achevait d’un coup de savate au tibia qui vit tournoyer sa victime sur le sol graisseux.

    Peu après Nico se tordait toujours à terre, mais il paraissait l’avoir oublié. S’appliquant à laver ses mains dans l’évier à l’entrée de deux hommes se tenant par les épaules.

    – Il a glissé sur le savon;. Leur fit Jeff avec une œillade, avant de lentement regagner la salle.

    En le voyant réapparaître, Alex s’adonna à un examen de son visage. Il pouvait y lire un rictus semblable à celui qui avait suivi la chasse nocturne au petit vieux. Comme un peu plus tard ce même signe réapparut avec la guérison miraculeuse de sa blessure soignée à l’eau de vie. Il pouvait en être sûr, Nico avait morflé.

    – A ta santé Nico.. Murmura-t-il. Il avala son verre d’un trait.

    Celui-ci mit un bon quart d’heure à retrouver ses esprits. Suffisamment pour que Lola se souvienne de la présence de Jeff. Elle se précipita dans sa direction et se jeta littéralement sur lui.

    – Mon gros nounours… je m’occupe pas assez de toi… tu vas finir par croire des choses… Elle minauda assise sur ses genoux et lui empoignant la taille.

    Jeff se contenta de lui tapoter les fesses, et Alex qui s’obstinait à les observer dans son affreuse fatigue d’essence quasiment métaphysique, se disait que le prix d’une garce pareille pouvait très vite coûter la vie d’un homme.

    Nico se rinça abondamment le visage avant de se décider à revenir, et heureusement pour lui le sang n’avait pas coulé. Quoique la pommette ressemblait à une grosse prune trop mûre. Marbrée de sillons violets. Matt fut le premier à remarquer les dégâts. Il se leva d’un bond et tendit une main vers la blessure. Son frère le repoussa d’un geste hargneux. Il venait d’apercevoir Lola se trémoussant sur les genoux de Jeff. Il engloutit une grosse salive qui lui obstruait la gorge, et ramassa une bouteille encore à moitié pleine sur la table. Puis sans explications retourna se fondre parmi les danseurs. Il tenait plus que jamais à démontrer sa nature et de quel métal il était fait.

    Dans son coin Alex toujours solitaire en était admiratif. Il se disait qu’il y avait du sang bleu en lui. Un seigneur fou et pervers, mais un seigneur tout de même.



     


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